Féligène, la génétique féline

La série C, pour colour, ne compte pas moins de cinq allèles qui déterminent l’intensité de la pigmentation :

- C, qui donne un chat entièrement coloré (tabby ou non, smoke ou non…). Il s’agit de l’allèle dit sauvage, non muté.

- cb, correspondant au patron sépia présent entre autre chez le Burmese. La coloration des extrémités est intense, celle du corps un peu plus claire. Le chaton est plus faiblement coloré que l’adulte.

- cs, responsable du patron colorpoint, qu’on trouve notamment chez le Siamois. Les extrémités, appelées « points » présentent une forte pigmentation, tandis que le corps reste plus ou moins pâle. Le chat colorpoint naît « blanc » et a toujours les yeux bleus.

- ca, qui donne un albinos aux yeux bleus clairs. Cet allèle est rare.

- c, pour un albinos « vrai », aux yeux rouges. Un tel chat ne serait probablement pas viable.

Le gène C fait partie des gènes pour lesquels un test ADN est disponible.

Les allèles cb et cs sont codominants, c’est-à-dire que tous deux apporteront quelque chose au chat en présence l’un de l’autre. Un animal possédant un exemplaire de cb et un exemplaire de cs présentera une coloration intermédiaire entre le sépia et le colorpoint : le mink. Un chat colorpoint a ainsi toujours deux copies de cs, un sepia deux exemplaires de cb, et le mink une copie de chaque, ce qui implique qu’un mariage mink x mink ne donne pas uniquement des chatons de ce patron. Le génotype d’un chat entièrement coloré pourra être CC, Ccs ou Ccb.

Nous avons donc l’ordre de dominance suivant : C > cb = cs > ca > c.

Le blanc dominant uni épistatique résulte, en ce qui le concerne, de l’action de la version dominante du gène W et n’est donc génétiquement pas lié à l’albinisme.
Le gène C code pour la tyrosinase, une enzyme essentielle au processus de pigmentation. L’allèle sauvage C correspond à une tyrosinase n’ayant subi aucune altération et adaptée à la température corporelle du chat. Chez le colorpoint, cette enzyme est sensible à la chaleur et ne pourra fonctionner qu’au niveau des parties les plus froides, d’où la forte pigmentation aux extrémités et le fait que le chaton colorpoint naisse « blanc », ayant été maintenu « au chaud » dans l’utérus. Chez l’albinos, cet enzyme est inactive.
Les oreilles et la truffe commencent à se pigmenter dès les premiers jours, plus ou moins vite selon la couleur de base. Les noirs colorpoint, dits seal point, sont les plus rapides à se pigmenter.

Chatons Ragdolls seal point de la chatterie Koantiri

2 jours – 5 jours

Chaton British Longhair lilac point de la chatterie Maître Mao
1 jour – 10 jours

La couleur va ensuite s’installer progressivement sur la queue, les pattes et former un masque sur le visage. Le corps fonce également avec l’âge, prenant une teinte allant de la coquille d’œuf au blanc cassé. Des ombres de la couleur de base plus ou moins prononcées sont fréquentes entre les omoplates, sur les cuisses et le ventre.
On recherche une robe montrant un bon contraste entre les points et le corps, mais il faut prendre en compte l’effet de l’âge. La pigmentation des points devrait cependant être homogène chez le chat mature. Outre la lignée et l’âge, plusieurs facteurs sont susceptibles d’influer sur la pigmentation du corps et donc de modifier le contraste, comme les hormones : les mâles entiers en particulier ont tendance à foncer, et les femelles peuvent avoir un « masque de grossesse ». La température ambiante pourrait également entrer en jeu. Les sujets chocolat, lilac, cinnamon, fawn, red et crème gardent en général un corps plus clair que les seal et les blue étant donné la nature de ces couleurs.

Notons que compte tenu de la faible coloration du corps, le type de tabby (mackerel, blotched…) n’est pas précisé dans la nomenclature des chats colorpoint à robe agoutie, notés simplement seal tabby point, blue tabby point… Ce n’est qu’avec l’âge que l’on pourra éventuellement deviner le type de tabby du chat. Les Bengals snow constituent la seule exception : les patrons colorpoint, mink et sepia sont travaillés chez le Bengal dans le but d’obtenir un look façon « panthère des neiges ». Pour toutes les variétés de snow, colorpoint compris, le marquage est bien visible sur le corps et compris dans la nomenclature.

Koantiri Feuzenn, femelle Ragdoll seal point appartenant à Edwina Cosme

1 mois et demi – 10 mois

Une dépigmentation du masque ou du cuir de la truffe (à ne pas confondre avec la couleur naturelle de la truffe des red, crème, tortie et tabby ainsi que de certains chats particolores selon la répartition de la panachure blanche) est possible en cas de stress ou de maladie (température, traitement…) et est dans ce cas souvent temporaire. Il peut également s’agir d’un défaut génétique et/ou irréversible, les chats atteints devraient alors être écartés de la reproduction. La dépigmentation fait par ailleurs partie des fautes et défauts généraux éliminatoires en exposition.
En cas de tonte, la peau ayant été exposée au froid, le poil repoussera plus sombre, pour plus tard reprendre sa coloration d’origine.

Les yeux du colorpoint constituent en quelque sorte une « non couleur » : ils sont bleus à cause de la faible concentration en pigment, qui fait que lorsque la lumière frappe l’iris, seul le bleu sera reflété, les longueurs d’onde plus longues de la lumière étant absorbées par l’épithélium, foncé. Le chat cache la couleur génétique qu’aurait son iris s’il n’était pas colorpoint (or ou vert). On recherche des yeux d’un bleu aussi intense que possible et uniforme. On observe cependant que les races exclusivement colorpoint et donc sélectionnées, entre autre, sur ces critères depuis des générations ont, en général, un meilleur contraste et une meilleure couleur d’yeux.
Les individus présentant un strabisme convergent ou divergent devraient être écartés de la reproduction. Cette anomalie est liée à un déficit en pigment rétinien provoquant une altération de la croissance des neurones de la rétine vers le cerveau. Un chat qui louche le fait dans le but d’améliorer sa vision perturbée par des anomalies structurelles.

La tyrosine chez le mink est un peu plus fonctionnelle que celle du colorpoint, comme « renforcée » par l’allèle cb de la paire - le mink ayant une copie de cs, et une de cb. Le chaton naît faiblement coloré, l’adulte est moyennement contrasté. Le noir à patron mink est appelé seal mink ou natural mink. Pour le chocolat mink, on peut également rencontrer la dénomination champagne mink, de même que platinum mink est parfois employé pour le lilac, honey mink pour le cinnamon.

Chaton Tonkinois de la chatterie Nashira’s, femelle seal mink

1 semaine - 3 semaines

Chaton Tonkinois de la chatterie Nashira’s, mâle seal mink

3 mois – 10 mois

Chez le mink, on recherche des yeux aigue-marine, mais l’on peut rencontrer des mink dont les yeux tirent plus sur le bleu, ou même le vert ou l’or. Notre perception de la couleur de l’iris des mink est cependant en grande partie affectée par la lumière ambiante, sa coloration résultant d’une concentration moyenne en pigment, qui conduit à une sorte de « balancement » entre le phénomène de réflexion du bleu déjà observé chez les colorpoint et la pigmentation or/vert, chacun répondant différemment aux différentes sources de lumière.

Le sépia naît un peu plus coloré que le mink. Faiblement contrasté, sa tyrosinase n’est néanmoins pas tout à fait aussi efficace que celle du chat entièrement coloré. Les yeux sont or à vert chez l’adulte.

Chaton de la chatterie Anshira Waya, Tibétain seal sepia

1 semaine – 13 semaines

L’ensemble des facteurs susceptibles d’influer sur la coloration du corps des colorpoint vaut également pour les mink et les sepia : âge, lignée, couleur de base, santé, état hormonal…

Comparatif de la coloration du corps selon les patrons et couleurs de base